Depuis la pandémie, le monde du travail a connu des bouleversements profonds. Parmi eux, un phénomène largement commenté : la Grande Démission en France. D’abord observé aux États-Unis, il s’est également manifesté dans l’Hexagone à partir de 2021, avec une hausse spectaculaire des démissions, notamment dans le secteur tertiaire. Mais en 2025, ce mouvement est-il toujours d’actualité ou appartient-il déjà au passé ?
Fort de plus de 50 ans d’expérience dans l’univers RH, l’agence BWO décrypte pour vous les tendances et leurs impacts, tant pour les entreprises que pour les candidats.
Une dynamique bien réelle aux origines multiples
La Grande Démission en France n’est pas une légende médiatique. Elle s’est traduite par un record de 520 000 démissions au premier trimestre 2022, dont près de 470 000 en CDI, selon les données de la Dares. C’est un niveau jamais atteint depuis 2008. Le phénomène a perduré sur 2023, avec un pic à 507 000 démissions de CDI au troisième trimestre. Même si les chiffres de 2024 montrent un léger recul, avec 439 600 départs au dernier trimestre, ils restent bien au-dessus des niveaux d’avant-crise.
Ce mouvement s’explique d’abord par un contexte économique particulier. Après la crise sanitaire, la reprise a été rapide et les opportunités nombreuses. Les salariés ont profité de ce moment pour négocier de meilleures conditions ailleurs, souvent avec succès. En parallèle, l’inflation persistante a ravivé la question salariale : 43 % des cadres ayant quitté leur poste en 2022 l’ont fait en raison d’une rémunération jugée insuffisante. Quitter son entreprise est ainsi devenu, pour beaucoup, le moyen le plus rapide d’obtenir une augmentation.
Mais les raisons sont aussi sociétales. Le confinement a provoqué une remise en question profonde du sens du travail. Un grand nombre de salariés, toutes générations confondues, aspirent désormais à un meilleur équilibre de vie, à plus de liberté, et à des missions en accord avec leurs valeurs. Cette quête de sens a alimenté une hausse des reconversions et une mobilité accrue, notamment chez les moins de 35 ans.
Le secteur tertiaire en première ligne
Dans ce contexte, le secteur tertiaire a été particulièrement concerné. La mobilité y est restée vive entre 2022 et 2024. Des fonctions comme les ressources humaines, la finance, le conseil, le marketing ou encore le numérique ont connu un taux de turnover élevé. Dans certains cas, des talents qualifiés ont quitté leur poste avant la fin de leur période d’essai, faute d’un bon alignement entre les attentes et la réalité. Ce phénomène, qualifié de “quick mobilité”, reflète un marché où les candidats sont à l’écoute, souvent sollicités, et prêts à changer de cap rapidement.
Les métiers en tension restent très exposés. Dans la tech par exemple, malgré les vagues de licenciements mondiaux, les profils comme les ingénieurs, les développeurs ou les experts cybersécurité restent très recherchés. Ils peuvent se permettre de démissionner pour négocier de meilleures conditions chez un concurrent, sans difficulté à rebondir.
En parallèle, certaines entreprises ont tardé à intégrer les nouvelles attentes. La suppression du télétravail, le refus d’aménager les horaires ou un management peu adapté ont pu nourrir les départs volontaires. La Grande Démission en France est donc aussi le révélateur d’un écart entre les pratiques managériales en place et les aspirations nouvelles des talents.
Un essoufflement partiel, mais un signal durable
Les derniers chiffres de la Dares laissent entrevoir une forme de stabilisation. La baisse récente du nombre de démissions suggère que la vague a atteint son pic entre 2022 et 2023. Le climat économique, marqué par des incertitudes géopolitiques et un ralentissement de la croissance, incite davantage à la prudence. En 2025, seuls 23 % des salariés interrogés envisagent activement de quitter leur poste, contre 40 % en 2022.
Ce changement d’attitude se manifeste notamment chez certaines catégories socioprofessionnelles, dont les femmes, qui sont statistiquement plus exposées aux interruptions de carrière, à des parcours professionnels discontinus ou à une moindre sécurité de l’emploi. Ces facteurs peuvent renforcer l’importance accordée à la stabilité et freiner les intentions de mobilité en période d’incertitude.
Pour autant, la question posée par la Grande Démission reste pleinement d’actualité. Le rapport au travail a évolué, et cette transformation est durable. Même si la frénésie de mobilité se calme, les exigences des salariés ont changé, et les employeurs ne peuvent les ignorer.
Une opportunité de réinvention pour les entreprises

Face à ces mutations, les entreprises du secteur tertiaire sont appelées à adapter leurs pratiques. La hausse des salaires, la mise en place d’accords de télétravail ou l’expérimentation de la semaine de quatre jours sont autant de réponses concrètes à ces nouvelles attentes. La qualité de vie au travail devient un levier stratégique pour fidéliser les équipes.
Au-delà des mesures matérielles, c’est toute la culture managériale qui est interrogée. Les salariés attendent davantage de reconnaissance, des perspectives claires et un management humain. Les entreprises qui investissent dans la montée en compétences, l’écoute active et la santé mentale de leurs collaborateurs renforcent leur attractivité et réduisent le risque de départs précoces.
Chez BWO, nous accompagnons quotidiennement les recruteurs à identifier ces leviers d’attractivité et à construire des parcours professionnels engageants, pour fidéliser durablement les talents.
En conclusion
En 2025, la Grande Démission en France ne se résume pas à une simple crise passagère. Si l’on observe un ralentissement des départs, les attentes des salariés ont profondément évolué. Ce phénomène a mis en lumière les limites de certaines pratiques RH et l’urgence de mieux comprendre ce que recherchent les talents d’aujourd’hui.
Pour les entreprises du tertiaire, l’enjeu n’est plus seulement de recruter, mais de créer les conditions d’une fidélisation durable. Et pour les candidats, il s’agit de construire une trajectoire alignée avec leurs aspirations. La BWO reste mobilisée pour accompagner ces évolutions et favoriser un marché de l’emploi plus équilibré, humain et pérenne.